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Les psychothérapies corporelles et la psychophysiologie du stress

Dans son chapitre sur la notion d’autorégulation de l’organisme, Michel Heller prend le temps de nous expliquer en détails les fondements théories de la psychophysiologie du stress. Cette histoire théorique permet de comprendre l’origine des fondements de ce que nous nommons désormais le trouble de stress post-traumatique et la dynamique psychocorporelle de soins associée.

Son étude des fondements théoriques d’une psychophysiologie du stress démarre avec les conséquences dramatiques de la première guerre mondiale et « l’état psychophysiologique désastreux dans lequel se trouvaient les soldats ». Michel Heller nous explique « comme les psychanalystes avaient beaucoup publié sur diverses formes de traumatismes, chez les hystériques notamment, de nombreux services hospitaliers militaires les consultèrent ». Cependant, le traitement psychanalytique des traumatisés de guerre ne donnant pas les effets escomptés, les cauchemars traumatiques ne s’évacuaient pas.

C’est dans la construction théorique de Kurt Goldstein, inspirée par la Gestalt qu’on trouve les ressources intéressantes suivante notamment via la notion d’organisme. Cet auteur explique qu’il « s’était rendu compte qu’il était impossible de trouver un lieu organique précis, pouvant être soigné par un médicament précis, qui puisse soulager les souffrances de ces soldats ».

Ensuite la psychophysiologie du stress se construit à partir des réflexions de Cannon qui développent d’autres formes de soutien des soldats traumatisés. « Il montre comment des mécanismes capables de réparer l’organisme en situation normale, peuvent parfois se transformer en mécanismes qui déstructurent son fonctionnement ». Aussi « pour Cannon (1935) le stress devient dangereux pour l’organisme quand les ressources dont il dispose sont incapables de gérer les ressources nécessaires, même si elles existent ». « Un des angles d’attaque proposé par Cannon pour aborder l’état de dysfonctionnement organismique observé chez les personnes traumatisées, est de partir de l’analyse de deux réactions de base face à une agression : la fuite et l’attaque (comportements affectifs associés aux mécanismes de régulation de l’organisme) ».

En 1997, Peter Levine et Frederick, complètent et décrivent « comment chez l’animal qui survit à l’attaque, ce type de mobilisation est suivi de réactions végétatives qui permettent à l’organisme de retrouver ses forces. L’animal tremble, évacue tout ce qui s’est accumulé lors du ralentissement du fonctionnement viscéral et rénal. Le passage d’un fonctionnement sympathique à un fonctionnement parasympathique n’est possible que lorsque le prédateur est clairement absent ».

Enfin, Michel Heller complète ces données fondamentales sur la psychophysiologie du stress avec d’abord les deux systèmes de défense décrits par l’éthologue Konrad Lorenz : la réaction amiboïde (oscillation entre la contraction et l’expansion) et la réaction kinésique de peur (qui consiste à bouger dans tous les sens), ensuite l’immobilisation brusque et enfin les travaux de Hans Selye sur le syndrome général d’adaptation et leur prolongement jusqu’aux travaux de Henri Laborit qui utilise « un dispositif expérimental simple pour montrer qu’en cas de stress, il vaut mieux être agressif et actif que résigné ».

Cette histoire de la psychophysiologie du stress est particulièrement intéressante et à aller découvrir en lisant les auteurs cités par Michel Heller dans la mesure où cela permet de mieux comprendre les approches développées récemment aussi sur la prise en charge des victimes de violences sexuelles et de tous types d’évènements traumatiques avec en particulier l’essor croissant des thérapies psycho-corporelles ou psychothérapies corporelles (EMDR, EFT et autres).

Source : Psychothérapies corporelles : fondements et méthodes de Michel Heller

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