Connaître le Coeur Pivoine

Une histoire personnelle, celle de Jénnie Desrutins Carnavet

Alors que je bataillais pour ma survie, j’ai fait le choix d’être accompagnée en thérapie. A cette époque, je ne savais même pas ce qu’était un bureau d’aide aux victimes. Vaguement entendu parlé. Mais aucun mot durant mes études de droit. Je savais que j’avais besoin de soutien. Plusieurs années d’inceste avaient laissé beaucoup de traces et je subissais les conséquences ravageuses des violences sexuelles que j’avais subies enfant.
Pour me soigner, j’ai été accompagnée en thérapie par plusieurs praticiens qui avaient tous des techniques complémentaires mais qui manquaient parfois de connaissances ou d’outils pour prendre en charge l’inceste. A un moment donné, j’ai eu besoin d’aller moi-même chercher des connaissances, dans les livres d’abord puis sur le terrain. C’est à ce moment là, après une procédure judiciaire chaotique que j’ai découvert l’aide aux victimes.

Ma formation d’enseignante-chercheure en droit me permettait d’avoir une approche juridique de ma problématique mais cela n’était pas suffisant. Je connaissais le trauma de l’intérieur mais j’avais besoin d’en avoir une vu plus large, plus vaste, de mieux comprendre les mécanismes à l’oeuvre à l’intérieur de moi, leurs noms. C’est ainsi que je me suis formée dans plusieurs associations d’aide aux victimes. Pour moi d’abord et jamais en pensant qu’un jour cela m’animerait au point de faire bénéficier les autres victimes de ce que j’avais découvert.
C’est au Collectif féministe contre le viol qui gère la permanence Viols Femmes Informations 0.800.05.95.95 que j’ai appris le plus. J’y suis devenue bénévole. D’abord sur les dossiers en droit pénal, puis doucement j’ai basculé dans l’écoute bénévole de victime jusqu’à y devenir écoutante salariée.
Pour accompagner correctement les victimes, j’ai suivi tout le cursus de formation offert par le Collectif et j’ai ensuite commencé les accompagnements individuels mais aussi les accompagnements procès.

Durant ces années où j’étais bénévole, mes expériences professionnelles pour gagner ma vie furent riches de sens : assistante de justice à la Cour de cassation, assistante juridique en cabinet d’avocat, mandataire judiciaire à la protection des majeurs à l’UDAF, éducatrice scolaire puis chef de service en foyer d’urgence à l’ASE. Ma formation de juriste me permettait d’oeuvrer dans le secteur judiciaire mais aussi en tant que travailleuse sociale.
De ces expériences combinées, j’ai tiré de nouvelles compétences, des connaissances plus techniques et une écoute active et empathique des enfants comme des adultes, collègues et surtout des publics en souffrance.
En 2014, alors que j’allais devenir maman pour la première fois, je décidai aussi d’oeuvrer à ma manière à la prévention des violences sexuelles envers les enfants. J’étais alors révoltée de ne trouver aucun outil pertinent sur internet. Bien que formée au Collectif en prévention des violences sexuelles envers les enfants et les ado, je trouvais les outils de prévention vétustes et non abordables à l’époque où nous vivions. J’avais à coeur de dire aux parents : voici comment vous pouvez protéger vos enfants. J’ai souvent pensé que c’était le bon chemin mais je me trompais. Les injonctions à l’action n’aident pas réellement. J’ai créé Didi, en le dessinant. Il était pour mon fils qui était dans mon ventre. Je voulais écrire pour lui une histoire belle et douce sur ce passé douloureux et en tirer des enseignements qui le fasse grandir dans un monde bienveillant. Didi est un personnage soutenant qui transmet aux enfants le message que leur corps est précieux, qu’il est comme le trésor des pirates. Dans la même dynamique, j’ai aussi créé le site prevention-violencessexuelles.com que j’alimentais d’articles spécialisés sur le sujet des violences sexuelles et d’outils de prévention. La méthode de prévention nommée la Quête que je diffuse est un outil efficace pour aider les parents à prendre la parole pour prévenir les violences sexuelles dont pourrait être victime leur enfant.

Fin 2017 marqua un tournant dans ma vie professionnelle. C’est à ce moment là que j’ai reçu des demandes de prise en charge individuelle, hors cadre associatif. On me demandait si je possédais un cabinet libéral pour recevoir. En parallèle, je participais alors à l’une des formations offerte par l’Association Stop aux violences sexuelles où l’un des constats était celui qu’on avait besoin de soignants qui sachent prendre en charge les victimes de violences sexuelles. L’Univers venait de m’envoyer des signes.

En février 2018, je me suis installée en libéral et j’ai commencé à accueillir des victimes dans mon cabinet. Pour cela, j’ai combiné toutes mes formations à ma pratique de terrain dans l’aide aux victimes. J’ai créé un accompagnement sur-mesure qui prenait en compte aussi l’impact des psychotraumatismes sur le corps. Ma pratique venait de l’aide aux victimes de terrain, des techniques rodées, aguerries et efficaces. Je faisais également des accompagnements judiciaires et des accompagnements procès. Je rédigeais les récits de vie des femmes migrantes pour soutenir leur demande d’asile à l’OFPRA.

En octobre 2019, j’ai rédigé mon livre Quand mon coeur est devenu une pivoine où je raconte mon chemin de guérison et mon parcours pour devenir thérapeute psycho-corporelle. Vous pourrez retrouver le livre en eBook à la fin de cette page que je vous offre gracieusement. Quand mon coeur est devenu une pivoine est un livre à la fois témoignage mais aussi initiatique. Il ouvre une porte en soi pour partir en quête de sa puissance d’être.
Il est un vœu de quiétude pour toutes celles et ceux qui ont traversé un jour une épreuve traumatique et porte une blessure dans leur intime, dans leurs parties intimes.
Depuis, mon leitmotiv est de rappeler à quiconque qu’il y a en nous toutes les ressources pour tout surmonter. Voici ce que ce livre souhaite transmettre. La guérison est un chemin grâce auquel on finit par se rencontrer pleinement et se dire : je suis en vie, je me choisis, je me respecte, je me protège, je m’aime, je suis.

Jénnie Desrutins Carnavet

D'une pratique à une technique
Après quelques mois de pratique, je constatais que je structurais de plus en plus mes séances. Elles présentaient un schéma commun. Mon accompagnement, fruit de mon expérience dans l’aide aux victimes, portait des valeurs importantes, de la conscience professionnelle, une combinaison de connaissances tirées de mes formations mais aussi de mon vécu de victime d’inceste.
Pour aller plus loin encore, j’ai complété mon parcours avec des formations en thérapie psycho-corporelle biodynamique et en somatic experiencing. En 2019, j’ai validé mon DU en psychotraumatologie à la Faculté de Médecine Paris Descartes. Mon mémoire de recherche traite du sujet : La prise en compte du TSPT par la Cour de cassation. Mon ambition était alors de mener une recherche biostatistique sur la prise en considération par la Cour des conséquences psychotraumatiques qui caractérisent le parcours de survie des victimes.
De ma pratique de terrain, est ainsi née une technique d’accompagnement spécifique, que j’ai alors nommé Méthode Coeur Pivoine – Corps Précieux. Elle était dédiée à la prise en charge des victimes d’inceste, de violences sexuelles ou autres psychotraumatismes.
Habituée à travailler en équipe, les accompagnements que j’ai proposés ont toujours été menés en collaboration étroite avec d’autres professionnels, qu’ils proviennent du milieu médical ou para-médical, mais aussi du milieu juridique ou social. Médecin généraliste, infirmière, sage femme, kinésithérapeute, ostéopathe, avocat, magistrat, assistante sociale, travailleurs sociaux.
Entourer une victime est fondamentale afin qu’elle sente réellement qu’elle est soutenue et qu’on s’intéresse vraiment à elle et son vécu.
Les accompagnements que je proposais puisaient ainsi dans des connaissances techniques et pratiques pour réellement permettre aux victimes de se libérer, d’évoluer dans leur vie et d’avancer, enfin.
Les victimes que j’ai accompagnées venaient me consulter s’agissant de vécus de :
• violences sexuelles : viols, agressions sexuelles, inceste, excision, mariage forcé, circoncision rituelle
• maltraitances, violences conjugales, violences au travail, violences physiques, morales ou économiques
• deuils complexes : témoin de suicide, deuil d’enfant, deuil de proches
• fausses couches : précoces, de premier terme, pré-accouchement
• violences gynécologiques et obstétricales
• ivg et img : médicamenteux et médicalisés
• accidents de la vie et accidents de voiture,
• escroquerie, manipulation, trahison, chantage.

A la suite de demandes de formation dés 2019, j’ai créé l’organisme de formation Formation Coeur Pivoine, qui est certifié Qualiopi depuis 2020, afin de transmettre mes connaissances et compétences acquises de l’aide aux victimes. De 2019 à 2023, j’ai formé des écoutants victimes et des thérapeutes psycho-corporels à la prise en charge des victimes de violences sexuelles et autres traumatismes.

La stratégie de formation du Coeur Pivoine est désormais de former un maximum de professionnels de terrain à l’aide aux victimes, à l’accompagnement judiciaire et à l’accueil et retranscription des récits de vie des victimes et personnes migrantes. Le format adopté pour cela est désormais des formations courtes et pratiques avec une transmission de ressources immédiatement mobilisables sur le terrain.
Quand mon coeur est devenu une pivoine Jénnie Desrutins Carnavet blessures de l'intime
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Quand mon coeur est devenu une pivoine

Le labo

Une démarche audacieuse
Créer un laboratoire de recherches privé est une innovation majeure dans le cadre de la formation professionnelle des thérapeutes. En effet, il existe peu de laboratoires directement intégrés aux organismes de formation privés. Les Universités sont le lieu où la recherche est la plus répandue. Or, nous pensons que toutes les démarches scientifiques qui visent à mesurer les effets thérapeutiques d’outils ou méthodes sont des avancées que la société peut également considérer.

Jénnie Desrutins a été chercheur au sein de plusieurs université, en droit mais aussi en psychotraumatologie. Elle est l’auteure de plusieurs articles publiés dans des revues scientifiques. Sa démarche s’inscrit donc dans le prolongement de son dernier travail de recherche au sein de la Faculté de Médecine Paris Descartes dans lequel elle est a étudié la prise en compte du trouble de stress post-traumatique dans les décisions de la Cour de cassation. Un mémoire qui lui a valu la reconnaissance des enseignants du Diplôme Universitaire de psychotraumatologie et la validation de sa recherche par la note de 16/20. Oser appliquer une recherche biostatistique à la matière juridique était une première.

En effet, à aucun moment l’efficacité de la justice est mesurée. Pourtant, il existe des axes de recherche qui seraient très utiles à explorer en appliquant aux décisions de justice une démarche scientifique. Les sujets qui pourraient être étudiés sont notamment : la correctionnalisation des viols, le classement sans suite des évènements traumatiques incestueux, la poursuite des auteurs de violences sexuelles à l’encontre des enfants (moins de 15 ans, et plus de 15 ans), l’atteinte sexuelle et la condamnation des auteurs, la présence de l’ASE au dossier judiciaire des mineurs victimes de violences sexuelles et dont les faits sont judiciarisés.
Une démarche unique
La création d’un laboratoire au sein d’un organisme de formation est également une démarche unique. Et, nous avons décidé de relever ce défi. Pourquoi ? Afin de permettre à la Méthode Coeur Pivoine – Corps Précieux d’être mesurée dans son efficacité.

En effet, toutes les techniques de prise en charge des psychotraumatismes reconnues ont été évaluées dans une démarche scientifique dans le but de prouver leur efficacité, ce fut notamment le cas de l’EMDR qui continue à être très étudié. C’est également le cas de la somatic experiencing.

En ce qui concerne la thématique des violences sexuelles, il y a la thérapie d’exposition d’Edna Foa qui a été mesurée et dont l’efficacité a également été prouvée.

Pour parfaire notre démarche, nous sommes en cours de rédaction d’un protocole tiré de la Méthode Coeur Pivoine – Corps Précieux. Il s’agira d’un protocole appliqué sur plusieurs séances. Les personnes qui accepteront de participer au laboratoire seront reçues en présentiel. Une contribution sera demandée. La première séance sera précédée d’une évaluation diagnostique des troubles psychotraumatiques de la personne et à la sortie du cycle des séances également. Toutes les séances seront filmées.

Les films créés à partir des séances seront utilisés pour former les futurs thérapeutes et assurer la formation continue des thérapeutes membres du réseau Coeur Pivoine – Corps Précieux.

Les résultats obtenus seront progressivement analysés et produits dans les articles du blog du site.

Nos objectifs par cette démarche sont :
• de permettre une meilleure compréhension de la Méthode Coeur Pivoine – Corps Précieux,
• d’affiner l’efficience des exercices psycho-corporels réalisés,
• de démontrer l’impact positif de la thérapie psycho-corporelle Méthode Coeur Pivoine – Corps Précieux sur les psychotraumatismes vécus à la suite d’évènements traumatiques et en particulier de l’inceste et des violences sexuelles